Sénégal : l’insécurité routière en ligne de mire

En ce début d’année 2023, le Sénégal a particulièrement été endeuillé par des accidents graves qui se sont succédés. Le 8 janvier, dans le centre du pays, l’éclatement d’un pneu a provoqué une collision entre deux cars, avec la mort de plus de quarante personnes. C’est l’accident le plus grave jamais enregistré depuis quelques années, selon certains experts. Alors, le gouvernement sénégalais a dû faire face à une vague de critiques, en organisant une réunion interministérielle d’urgence, dans la ville de Diamniadio, à l’issue de laquelle des mesures ont été décidées.

Au total, vingt-deux mesures ont été prises pour lutter contre l’insécurité routière. Il s’agit, entre autres de « l’interdiction de circuler pour les véhicules de transport public de voyageurs sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures », ou encore « la limitation de la durée d’exploitation à 10 ans pour les véhicules de transport de personnes, à 15 ans pour les véhicules de transport de marchandises ». Par ailleurs, le gouvernement a annoncé « un projet de texte interdisant l’importation des pneus usagés », tout en mettant l’accent sur l’obligation d’un contrôle technique pour tous les véhicules de transport de personnes. Le gouvernement envisage également la mise en place de centres de contrôle technique dans les régions, ainsi que le plombage obligatoire des compteurs de vitesse des véhicules de transport de personnes et de marchandises à 90 km/h.

 

Or, une semaine seulement après l’adoption de ces mesures phares du gouvernement, le 16 janvier, un autre accident meurtrier a fait une vingtaine de morts, dans la région de Louga, dans le nord du paysSelon les témoignages, un âne se trouvait sur la route, et c’est en essayant de l’éviter qu’un bus a percuté un camion.  

Ces drames à répétition témoignent des problèmes de sécurité qui frappent les véhicules de transports de personnes au Sénégal, avec officiellement 700 morts par an, à cause des accidents de la route. Ce sont souvent des véhicules d’occasion importés, qui sont réaménagés sans aucune norme de sécurité, par les propriétaires pour gagner plus de places, et pour lesquels les contrôles techniques ne sont pas faits. Par ailleurs, d’aucuns pointent du doigt la conduite irréfléchiede certains conducteurs de busqui ne respectent pas leCode de la route, et dont les permis de transports sont parfois acquis illégalement.

Pour l’heure, certains des arrêtés ministériels ont déjà provoqué un tollé général au niveau du syndicat des transports. Un bras de fer s’est engagé entre le gouvernement et les responsables du transport, pour lesquels le gouvernement ne prend pas en compte certaines réalités du pays, dont la baisse récente des subventions de l’État sur les carburants et l’augmentation des prix de l’essence dans un contexte de forte inflation.

 

Par: Ibrahima Saleck BA