De la LIBERTÉ de MANIFESTATION

Une manifestation n'a pas à être autorisée. Elle ne demande qu’à être déclarée!

Manifestation: de ce mot on a beaucoup entendu parler ces 10 dernières années. Si ce mot est sur toutes les lèvres, il est clair que sa signification n’est pas aussi claire au sein de l’opinion.


C’est quoi exactement une manifestation?

Dans cette tribune nous allons parler de ce qu’est une manifestation et surtout de ce qu’elle n’est pas.

Une manifestation est une réunion organisée sur la voie publique dans le but d’exprimer une conviction collective. Elle peut demeurer fixe (et même assise, on parle alors de "sit-in"), mais elle prend le plus souvent la forme d’un cortège qui se déplace.

La liberté de manifestation est un droit fondamental. Cependant ce droit obéit à certaines règles pour prévenir d'éventuelles atteintes à l'ordre public.

Si manifester est une revendication légitime, la violence par contre doit être inadmissible. Et cela de part et d’autre.

Il faut avoir le courage de dire qu’en Guinée on a créé dans la conscience collective la notion selon laquelle manifester c’est aller à l’affront contre les autorités publiques.

On comprend aisément que des leaders d’opinion puissent penser que cela soit à leur faveur en ce sens que plus on redoute la manifestation plus elle peut servir d’arme de pression. Malheureusement cette approche conduit à des risques de perte de vies inutiles.

Il faut avoir le courage de dire aux leaders qui opèrent de cette façon de revoir leur copie.

Le leadership responsable exige de sensibiliser les militants avant et pendant les manifestations sur les principes et les exigences de la non violence dans l’exercice de ce droit fondamental. Cela va incontestablement contribuer à amoindrir les tragédies sans pour autant empêcher la manifestation d’atteindre son objectif ultime.


AUX MANIFESTANTS : il doit être clairement dit et compris:

Aucune colère ne justifie qu’on s’attaque à un policier ou un gendarme;

Aucune colère ne justifie qu’on dégrade un commerce ou des bâtiments publics;

En d’autres termes:

Manifester ne veut pas dire barricader la route.

Manifester ne veut pas dire brûler des pneus.

Manifester ne veut pas dire jeter des cailloux.

Ceux qui manifestent doivent savoir que s’ils ont le droit d’exprimer leurs opinions, les citoyens qui ne pensent pas comme eux ont aussi le droit d’avoir leurs opinions et le droit de vaquer librement à leurs occupations.

Retenons que “Quand la violence se déchaîne, la liberté cesse”.


AUX FORCES DE L’ORDRE: il doit être clairement dit et compris:

Les États sont tenus de faire en sorte que tout le monde puisse exercer son droit à la liberté de réunion pacifique, y compris dans le cadre de manifestations;

Les pouvoirs publics, y compris la police, sont tenus de faire tout leur possible pour respecter et protéger le droit à la vie;

“Aucune situation d’exception ou d’urgence ne peut justifier la violation des droits de l’homme”;

Les actes de violence commis par une petite minorité ne justifient pas le recours aveugle à la force ;

Il incombe à la police de faciliter les manifestations pacifiques. Si des tensions apparaissent, elle doit s’efforcer de les apaiser ;

l’intervention de la police ne doit pas générer des désordres plus grands que ceux auxquels elle tentait de mettre fin. Les forces de l’ordre ne doivent donc pas être des sources de désordre;

Le manifestant ne doit pas être traité comme un “ennemi “ mais un “citoyen momentanément en colère “;

“Selon le droit humanitaire international, tout usage de la force doit être un dernier recours en réponse à des manifestations, il doit être strictement nécessaire et proportionnel et les armes à feu ne doivent jamais être utilisées si ce n’est en réponse à une menace mortelle imminente »



A.K.B